10,20 voire 30 ans mais guère plus, voilà la durée d’une carrière pour les sportifs de haut niveau, qui une fois raccroché les attributs d’athlètes (crampons, lunettes de piscine et autre kimonos) sont confrontés à de nouveaux choix cruciaux, notamment celui de la suite de leur carrière professionnelle en dehors des pistes sportives. Beaucoup restent dans le domaine du sport et choisissent de transmettre leur savoir ou de le faire partager par d’autres canaux (consultants et autres commentateurs sportifs, par exemple Bixente Lizarazu). D’autres choisissent des voies très différentes, la politique par exemple (David Douillet), et d’autres cherchent encore.
Chacun sait que les athlètes de haut niveau consacrent tout leur temps à leur passion afin de pouvoir toujours obtenir les meilleurs résultats, et dans cette optique, ont souvent dû délaisser leurs études au profit de leur préparation physique. Mais de plus en plus de dispositifs sont mis en place dans le but de favoriser une harmonie entre l’école et le sport de haut niveau.
La tendance est aux sportifs qui intègrent des grandes écoles
Dans ce sens beaucoup d’universités ont créés un programme sportif de haut niveau, des aménagements également mis en place dans les grandes écoles, comme l’EDHEC, prestigieuse école de commerce. Totalement consciente de la valeur des sportifs de haut niveau et soucieuse de leur offrir une formation de haut niveau adaptée à leurs besoins, l’EDHEC propose notamment une filière « sportifs de haut niveau », qui se déroule intégralement en e-learning, c’est-à-dire via des cours à distance. A l’issue seuls des examens de fins de parcours exigent la présence physique des élèves, qui en cas de réussite disposent alors d’un diplôme équivalent à celui délivré en filière classique.
Les étudiants ne sont d’ailleurs pas entièrement livrés à eux-mêmes puisqu’ils sont chacun suivis par un tuteur, une aide pédagogique qui permet d’éviter aux étudiants de se sentir isolés, mais constitue également une aide pratique lors de l’organisation des plannings. Ainsi Alizée Morel de l’Olympique Nice Natation affirme : « Grâce à ma tutrice, on a fait un planning avec mes entrainements et mes cours en ligne ».De même Charlotte Lembach, vice-championne d’Europe dans la discipline du sabre explique clairement l’intérêt d’une telle formation : « Cette formation me permet de m’investir à 100% dans mon projet sportif tout en étudiant dans une grande école. Surtout que je peux avancer à mon rythme.Il y a énormément de flexibilité et c’est ce que je recherchais ».
Mener une carrière professionnelle après/pendant sa carrière sportive
Champion du monde d’escrime à l’épée, Ulrich Robeiri s’est vu félicité dans un communiqué, publié le 21 juillet dernier par son employeur, pour l’obtention de ce prestigieux titre. La RATP est en effet fière de pouvoir montrer l’efficacité de son programme réservé aux Athlètes de Haut niveau dans l’entreprise, une Convention d’Insertion professionnelle, dont les fonds sont alloués chaque année par le ministère des droits des femmes, de la jeunesse et des sports.
Cet ancien élève et diplômé de l’école d’ingénieur Polytech-UPMC qu’il avait intégré en 2009, est aujourd’hui ingénieur informatique au sein de la RATP, et bénéficie grâce à cette convention d’un CDI mi-temps mutualisé, qui permet au champion d’aménager son emploi du temps en fonction évènements sportifs à venir. Un dispositif qui témoigne d’une véritable volonté de la part du gouvernement de mettre en valeur ses sportifs de haut niveau, qui font partie des facteurs de rayonnement la France dans le monde,leur donnant ainsi toutes les clés pour réussir.
On peut citer un autre exemple de reconversion réussie, en la personne de Stéphane Diagana. En 1997 Stéphane Diagana remporte la médaille d’or après avoir distancé ses concurrents sur le 400m haies au championnat du monde d’Athènes. Ce sportif accompli avait tenté de mené de front son entrainement et la préparation d’un DUT en biologie appliquée, une entreprise difficile : « comme il n’y avait pas d’aménagement d’horaires possibles, j’ai fait un break pendant cinq années. Ce n’est qu’ensuite que j’ai repris les cours ». Il choisit alors de changer de voie et se lance dans des études très différentes, puisqu’il intègre l’ESCP, l’une des meilleurs « business school » française. Une double casquette qu’il a porté parfois difficilement mais qui lui a permis de se reconvertir après une carrière sportive.
Disposant de compétences diverses, il a pu être recruté par des entreprises en mal de formateurs sur les questions de leadership et de performance, des concepts que l’ancien athlète connait bien. Il a également partagé ses connaissances en tant que consultant pour France Télévision, et a même été approché par Valérie Pécresse et Roselyne Bachelot en 2008, alors respectivement ministres de l’Enseignement et de la Santé, qui lui confièrent un projet relatif au développement du sport à l’université. Malgré ces multiples expériences, depuis 2011 Stéphane Diagana est surtout partenaire et chef de projet au sein de l’entreprise Kalenji, fonctions qui lui permettent à la fois de suivre le développement des produits et d’apporter « des réflexions plus entrepreneuriales ».
De multiples exemples tels que celui de Robeiri ou de Diagana montre qu’il est possible de mener ses études et son entrainement sportif de front, et qu’il y a bel et bien une vie/carrière après la pratique du sport de haut niveau, qui comme toute compétition, doit se préparer bien en amont.